En 1957-58 l’Académie Pédagogique d’Héraklion a été transférée dans des bâtiments avec une conception architecturale spécifique sur le Boulevard A. Papandreou
(anciennement appelé Boulevard Acadimias, c’est-à-dire Boulevard de l’Académie), afin de répondre aux besoins croissants en termes de nombre d’étudiants.
Après la création des Départements Pédagogiques (1984), l’Académie Pédagogique a mis fin à ses activités, mais elle nous a offert des éléments historiques précieux à propos de la formation des enseignants et des enseignantes de l’école élémentaire.
La formation des enseignants dans les Académies Pédagogiques était basée sur le paradigme ethnocentrique et visait au développement de l’idéologie nationale et de la conscience nationale.
Les anniversaires des fêtes nationales ont été utilisés pour fortifier le sentiment patriotique au nom de l’unité nationale.
La politique éducative officielle allait aussi dans ce sens, comme le montre l’extrait suivant du Procès-Verbal de l’Association des enseignants/ formateurs de l’Académie Pédagogique (1950-51),
à propos de la circulaire No E.P.3092/23-10-1950 du Ministère des Religions et de l’Éducation Nationale
«À propos de la conscription politique»: «Il y eu une grande discussion à propos de celle-ci, sous la suggestion du Directeur de l’Académie Pédagogique, et les enseignants de l’Académie Pédagogique ont décidé de faire tout effort possible pour se conformer à l’esprit de cette circulaire et en général pour le développement du sentiment national des étudiants et pour le développement de l’amour et du dévouement entiers pour la patrie et la nation.»
«L’association des enseignants (de l’Académie Pédagogique), ayant pris en compte la suggestion de Monsieur le Directeur et après avoir écouté l’étudiant accusé exprimer sa repentance, a décidé unanimement que: Elle (l’Association) applique indulgemment à l’étudiant de 1ère année la peine de l’expulsion des cours pendant 8 jours à partir du 5 mars 1963 et elle baisse la mention qui lui est attribuée concernant sa conduite, pour faute grave envers un enseignant.»
Cependant, dans le cadre du fonctionnement des Académies Pédagogiques il était aussi prévu d’attribuer des éloges aux étudiants
« qui ont accompli des actions exceptionnelles ou qui ont, en général, réalisé des actions sociales fructueuses et des activités bénéfiques concernant leurs études» (Arrêté Royal, 923/1966, article 24). Les étudiants de l’Académie Pédagogique suivaient un programme d’études très chargé et très intense, dans l’esprit d’une pédagogie normative qui mettait l’accent sur le béhaviorisme et sur une approche centrée sur l’enseignant. Un tel programme d’études avait, de fait, comme conséquence que les Académies Pédagogiques ressemblaient à des écoles (de la scolarisation obligatoire) et elles n’étaient des institutions d’enseignement supérieur que dans la forme. Le cadre général de fonctionnement de ces Académies, le Programme d’études et l’obligation de présence quotidienne des étudiants confirment que les Académies Pédagogiques ont constitué pendant plusieurs années une sortie de « prolongation de deux ans du Collège ». C’est ce que montre bien un extrait d’un procès-verbal de l’Association des enseignants (de l’Académie Pédagogique) de 1971 dans lequel on se réfère au cas des absences et où il est indiqué que des étudiants sont exclus des examens en raison d’absences aux cours. Le climat pédagogique reflète également les relations de pouvoir hiérarchiques. Dans le rapport de fonctionnement de l’Académie de 1964-1965, il est indiqué que : «L’adhésion aux idéaux gréco-chrétiens, le sens du devoir, l’amour, la discipline, le respect envers les enseignants sont les caractéristiques du comportement des étudiants». Il faut cependant reconnaître que l’Académie Pédagogique a contribué au développement de certains domaines scientifiques. À titre d’exemple, un matériel folklorique riche issu de la tradition a été préservé à travers les dossiers réalisés par les étudiants sur le folklore. En plus, dans certains domaines du programme des études, mais également sur le plan pratique, nous retrouvons des éléments du courant pédagogique des « écoles de travail » (Éducation nouvelle). L’achèvement des études constituait la récompense pour les efforts des étudiants mais également pour les sacrifices de la famille car, à travers ce diplôme de fin d’études tant convoité, s’ouvrait la voie vers l’insertion professionnelle et vers la reconnaissance sociale. La cérémonie de remise de diplômes constituait un événement important aussi bien pour l’Académie que pour les jeunes diplômés.
Aujourd’hui, dans les salles de l’Académie Pédagogique sont scolarisés des élèves du 53ème et du 54ème école élémentaire d’Héraklion.
