LA TOMBE DE NIKOS KAZANTZAKIS


Avant d’arriver à l’Académie Pédagogique d’Héraklion, nous allons nous arrêter au lieu de sépulture de Nikos Kazantzakis, un intellectuel de renommée internationale qui a scellé, avec l’acuité de son esprit et son œuvre, l’histoire de la Grèce, et auquel ont rendu hommage les étudiants de l’Académie Pédagogique.

LE PREMIER JOUR DE LA RENTRÉE DE NIKOS KAZANTZAKIS À L’ÉCOLE ÉLÉMENTAIRE

«J’étais comme un petit animal abattu tout élégant et je sentais en moi de la fierté et de la peur. Mais ma main était imbriquée profondément dans la poignée de main de mon père et cela me rendait plus fort. Nous sommes entrés dans un vieux bâtiment, avec une large cour et un platane plein de poussière au milieu de la cour. J’ai hésité, j’ai été lâche. Ma main a commencé à trembler au sein de la poignée de main chaude (de mon père). Mon père s’est penché vers moi, a touché mes cheveux, m’a fait une caresse:
-Ici tu apprendras, a-t-il dit, pour devenir un homme.
Le maître est apparu dans l’embrasure de la porte. Il tenait une longue férule et il m’a paru sauvage.
- Celui-ci est mon fils, lui a-t-il dit mon père.
Il a enlevé ma main de la sienne et il m’a livré au maître.
- La chair est à toi, lui a-t-il dit, les os sont à moi. N’aie pas pitié de lui, bats-le, rends-le un être humain.
- Ne t’inquiète pas, capitaine Michalis. J’ai ici l’outil qui fait les êtres humains, a dit le maître, et il a montré la férule.
» (Ν. Kazantzakis, Lettre au Greco)
C’était un homme passionné de la vie, un citoyen du monde, un voyageur et un esprit curieux et agité. Il a aimé l’homme et il l’a mis au-dessus de tout, il n’a pas hésité à s’opposer à l’establishment social et à se battre pour défendre ses idées. Il a été persécuté à plusieurs reprises pour ses convictions. Pour une telle âme qui n’était pas habituée à rester dans des situations confortables, il ne serait pas approprié de se faire enterrer dans un lieu autre que celui-ci qui confirmait sa phrase: «Au-delà de l’esprit, sur la falaise sacrée du cœur, je marche sur la pointe des pieds en tremblant. Une de mes jambes est agrippée par la terre sûre, l’autre cherche dans le noir au-dessus de l’abîme.» (Ν. Kazantzakis, Ascèse)
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